La nutrition des prématurés : défis et solutions
La nutrition des prématurés est une préoccupation majeure dans le monde entier, en particulier en Afrique, où les taux de naissance prématurée sont grands. Selon l’OMS, environ 15 millions de bébés prématurés chaque année. Le taux des naissances prématurées varierait entre 5 % et 18 % des naissances d’un pays à l’autre. Concernant l’Afrique, plus de 60% des naissances prématurées surviennent en Afrique et en Asie du Sud. Comores, Guinée équatoriale, Mozambique, Gabon, Mauritanie, Congo, Zimbabwe, Malawi font partie des pays en Afrique où le taux de prématurité est le plus élevé.
Les prématurés sont des bébés qui naissent avant 37 semaines de gestation. Une grossesse réputée normale dure 41 semaines d’aménorrhées. Les naissances prématurées rencontrent de nombreux problèmes, notamment de santé et de croissance. On distingue plusieurs stades de prématurité en fonction du stade gestationnel :
- A moins de 28 semaines, on parle de très grande prématurité
- Entre la 28e et la 32e semaine, on parle de grande prématurité
- Entre la 32e et la 37e semaine), on est dans le cas de la prématurité moyenne, voire tardive .
Les nourrissons prématurés ont des besoins nutritionnels spécifiques et plus élevés que les nourrissons nés à terme, car ils n’ont pas eu le temps de se développer complètement dans l’utérus de leur mère. Les premiers mois de vie sont donc cruciaux pour leur survie et leur développement. Dans cet article, nous allons examiner les défis de la nutrition des prématurés en Afrique et les solutions pour y faire face.
Avant la nutrition, des conditions d’accueil cruciales pour la survie
Les chances de survie des prématurés sont fortement liées au milieu de naissance. En effet, dans les pays à revenu faible (en Afrique et en Asie du Sud), la moitié des nourrissons prématurés de 32 semaines ou moins ne survivent pas. Ceci est du aux manques de structures matérielles permettant de recréer un environnement semblable à celui du ventre de la mère, surtout la chaleur, afin que le prématuré puisse poursuivre sa croissance. A cette problématique s’ajoute des difficultés dans la nutrition , des difficultés respiratoires, et des difficultés dans les soins contre les infections. Dans les pays à revenu élevés qui peuvent largement bénéficier d’appuis technologiques médicaux, les scores de survie sont proche de 100%.
Des besoins nutritionnels des prématurés à respecter
La nutrition des prématurés est une question cruciale. En Afrique, où la prévalence de la prématurité est élevée et les infrastructures de santé sont souvent limitées, elle l’est encore plus.
Pour survivre et continuer son cycle de développement normalement, un bébé prématuré a besoin d’une nutrition adéquate. La nutrition pour un bébé prématuré doit lui procurer les mêmes éléments nutritifs que s’il était encore bien au chaud dans le ventre de maman, et ainsi lui permettre d’avoir une évolution clinique et un pronostic neuro-développemental à long terme normaux.
Il faut donc (ndlr):
- Qu’il reçoive suffisamment d’énergie pour compenser les dépenses et éviter le catabolisme (Phase du métabolisme qui comprend les processus de dégradation des composés organiques, avec dégagement d’énergie et élimination des déchets)
- Qu’il reçoive suffisamment d’acides aminés pour permettre une balance azoté positive et une synthèse protéique
- Lui fournir l’eau et les électrolytes en quantités adéquates pour permettre l’adaptation physiologique associée à la transition entre la vie fœtale et postnatale, tout en maintenant une bonne homéostasie (capacité d’un système à maintenir l’équilibre de son milieu intérieur, quelles que soient les contraintes externes)
- Que la nutrition permette d’éviter et réduire les troubles métaboliques associés à la prématurité
- Optimiser les apports nutritionnels pour favoriser la croissance et le développement
Pour ce faire, en général deux principes sont mis en oeuvre et proposés aux parents : optimiser précocement la nutrition parentérale et introduire le plus tôt possible une nutrition entérale adéquate (sonde placée dans l’estomac ou l’intestin grêle).
Le lait maternel, la recommandation numéro 1 en cas de prématurité
Le meilleur lait pour tout bébé, qu’il soit prématuré ou pas, est le lait maternel. Ceci est d’autant plus vrai pour les prématurés car ils ont besoin d’une alimentation adaptée pour pouvoir mener leur croissance à terme. Avec à la clé l’enjeu de la survie premièrement, et de la survie en bonne santé deuxièmement.
Une étude du CHU de Toulouse a montré que la consommation du lait maternel vs le lait de synthèse avait une incidence sur le QI des enfants prématurés. En effet le groupe d’enfants nourris au lait maternel a présenté au terme de l’étude un QI plus élevé. De plus, le lait maternel de par sa composition répond aux besoins nutritionnels des prématurés. Il permet ainsi une diminution du risque de déficit cognitif à 2 et 5 ans, une meilleure tolérance et diminution des ECUN (pathologie digestive préoccupante touchant les grands prématurés et prématurissimes avec une morbi-mortalité élevée), une diminution des infections, des durées d’hospitalisation. Au global on observe donc une amélioration du pronostic à long terme.
Les mères de prématurés peuvent éprouver des difficultés à allaiter, en raison d’une production de lait insuffisante ou d’autres défis. Dans ces cas, elles peuvent être encouragées à tirer leur lait afin qu’il puisse être administré au nourrisson par sonde nasogastrique (voie entérale) ou par une tasse d’alimentation.
La nutrition parentérale
La nutrition parentérale consiste à administrer par voie intra-veineuse centrale un mélange nutritif complet comprenant des macronutriments, glucose, acides aminés, lipides, des électrolytes et des micronutriments (vitamines et minéraux). On la propose si la nutrition entérale est impossible, insuffisante ou contre-indiquée. C’est le cas notamment en cas de complications initiales comme le syndrome de détresse respiratoire, la persistance du canal artériel, une instabilité hémodynamique associée à un intestin immature observées chez le grand prématuré. On l’administre donc en général aux prématurés ou aux enfants qui ne peuvent pas être totalement alimentés par voie orale ou entérale.
Le médecin au sein des services cliniques hospitaliers de néonatologie, de soins intensifs néonatals, de réanimation néonatale ou de pédiatrie est celui qui réalise la prescription médicale de nutrition parentérale.
3 types de poches de nutriments
Les poches de nutriments sont de trois types, et leur mode d’approvisionnement varie en fonction.
On a premièrement les poches avec AMM. L’établissement hospitalier les achète à un industriel qui les fabrique. Ces dernières sont adaptées aux nouveau-nés, nourrissons, enfants et adolescents, et en général ont besoin d’être complétées par d’autres nutriments en fonction des besoins de l’enfant.
On distingue également les poches standardisées. Elles sont produites par la pharmacie à usage intérieur (PUI) de l’établissement (la pharmacie de l’hôpital en gros) ou en sous-traitance (par un façonnier ou la PUI d’un autre établissement). On les utilise dans un mode plus standard. Elles varient d’un établissement à l’autre, et visent à traiter la masse.
Enfin on a les poches à la carte, qui sont produites pour l’usage d’un enfant en particulier en fonction de ses besoins propres, et qui sont administrées exclusivement à ce dernier.
La responsabilité de la prescription de nutrition parentérale revient aux médecins. Ces prescriptions dépendent du diagnostic médical et répondent aux besoins nutritionnels, métaboliques et médicaux des enfants.
On a constaté que l’administration d’une nutrition parentérale précoce diminuait le temps de reprise du poids de naissance de 2,2 jours chez le prématuré.
Bien que souvent utilisée, il faut cependant être précautionneux, car la nutrition parentérale peut entraîner des complications, telles que des infections associées aux cathéters ou des déséquilibres électrolytiques. Pour cette raison, seuls des professionnels de santé expérimentés et qualifiés doivent l’administrer. Les nourrissons doivent être sous surveillance afin de détecter toute complication éventuelle.
Des défis à relever pour améliorer la prise en charge de la nutrition des prématurés
La nutrition des prématurés en Afrique rencontre de nombreux défis, notamment :
Un accès limité aux soins de santé
Les soins de santé sont souvent inaccessibles dans les zones rurales et éloignées de l’Afrique, ce qui rend difficile pour les parents de prématurés d’obtenir les soins médicaux nécessaires pour leur bébé. Le manque d’accès aux soins de santé signifie également que les parents ne peuvent pas obtenir les conseils et les informations dont ils ont besoin pour nourrir correctement leur bébé. Au delà de l’éloignement et de la ruralité, on peut constater que les grandes villes africaines ne sont pas en reste. Il y a encore eu récemment un scandale à l’hôpital régional de Nkongsamba au Cameroun : un bébé prématuré trouvait la mort suite à l’incendie de sa couveuse.
On se rend donc compte que le premier obstacle à la survie de ces bébés est l’état de la qualité des infrastructures et de la fourniture de services de base tels que l’électricité ou l’eau courante pour ne citer que ceux là.
La pauvreté
La pauvreté est un autre obstacle majeur à la nutrition des prématurés en Afrique. Le plus souvent, les patients doivent acheter leurs médicaments et les apporter à l’hôpital pour se faire soigner. Or les familles pauvres n’ont souvent pas les moyens d’acheter des aliments nutritifs pour leur bébé, ce qui peut entraîner une malnutrition et des problèmes de santé. Etant entendu que la nutrition spécifique à un bébé prématurée ne cesse pas lorsque celui-ci sort de l’hôpital. A son retour à la maison il y a un régime nutritionnel à suivre pour retrouver un état physiologique proche de celui d’un enfant du même âge né à terme.
Le manque de lait maternel
Le lait maternel est le meilleur aliment pour les bébés prématurés, car il contient des nutriments essentiels pour leur croissance et leur développement. Cependant, de nombreuses mères ont du mal à produire suffisamment de lait maternel en raison de la malnutrition et du stress. Les bébés prématurés qui ne peuvent pas recevoir suffisamment de lait maternel sont souvent nourris avec des substituts du lait maternel qui peuvent être coûteux et difficiles à trouver.
Les maladies infectieuses
Les bébés prématurés sont plus vulnérables aux maladies infectieuses que les bébés nés à terme. En Afrique, où les taux de maladies infectieuses sont élevés, les bébés prématurés sont particulièrement exposés à ces maladies, ce qui peut affecter leur capacité à absorber les nutriments et à croître normalement.
Quelles Solutions pour la nutrition des prématurés en Afrique ?
Bien que la nutrition des prématurés en Afrique soit confrontée à des défis, il existe des solutions pour aider les bébés prématurés à recevoir une nutrition adéquate. Voici quelques-unes des solutions possibles:
Encourager l’allaitement maternel
L’allaitement maternel est la meilleure source de nutrition pour les bébés prématurés. Les mères doivent être encouragées à allaiter dès que possible après la naissance de leur bébé. Pour les accompagner, les établissements de santé peuvent offrir un soutien à l’allaitement maternel, de plusieurs façons. Par exemple, il faut leur fournir des informations sur le lait de lactarium qui est un substitut au lait maternel. Il peuvent aussi aider à l’expression du lait chez la mère : pas de stress, utilisation du tire-lait, fréquence de stimulation de 8 expressions ou plus par 24 heures au départ (y compris la nuit) avec pour objectif 500 ml de lait extrait à J10, massage des seins.
Fournir des aliments nutritifs
Dans les cas où le lait maternel n’est pas disponible en quantité suffisante, il est important de fournir des aliments nutritifs pour les bébés prématurés. Les établissements de santé peuvent fournir des substituts du lait maternel, tels que des préparations pour nourrissons ou des laits enrichis, pour assurer que les bébés reçoivent les nutriments dont ils ont besoin.
Éduquer les parents sur la nutrition des prématurés
L’éducation des parents sur la nutrition des prématurés est essentielle pour aider à garantir que les bébés prématurés reçoivent une alimentation adéquate. Les établissements de santé peuvent fournir des conseils et des informations sur la façon de nourrir un bébé prématuré et sur les aliments à privilégier pour une croissance et un développement optimaux.
Améliorer l’accès aux soins de santé
L’amélioration de l’accès aux soins de santé est essentielle pour assurer que les bébés prématurés reçoivent les soins médicaux nécessaires. Fournir des équipements adéquats aux établissements de santé un enjeu primordial, quelque soit leur localisation.
Prévenir les maladies infectieuses
La prévention des maladies infectieuses est importante pour aider à préserver la santé des bébés prématurés. Des vaccins et des médicaments aideraient en cas de nécessité à la prévention contre les maladies infectieuses et à s’assurer de leur protection contre les maladies.
En somme, la nutrition des prématurés en Afrique est un enjeu de santé important, qui nécessite une attention particulière. En encourageant l’allaitement maternel, en fournissant des aliments nutritifs, en éduquant les parents sur la nutrition des prématurés, en améliorant l’accès aux soins de santé et en prévenant les maladies infectieuses, nous pouvons aider à garantir que les bébés prématurés en Afrique reçoivent l’alimentation et les soins dont ils ont besoin pour une croissance et un développement optimaux.
N’oublions pas que chaque bébé prématuré est une bénédiction et mérite le meilleur départ possible dans la vie. Cela commence par une alimentation adéquate et des soins médicaux appropriés. Les établissements de santé, les parents, les professionnels de la santé et la communauté dans son ensemble peuvent travailler ensemble pour aider à garantir que chaque bébé prématuré reçoit l’alimentation et les soins dont il a besoin pour un avenir plus brillant.
Chez SennaCare, nous travaillons à établir des partenariats entre les particuliers et les professionnels de santé, afin que des soins de qualité soient accessibles à tous. Contactez nous pour discuter ensemble de vos besoins et vous fournir la meilleure assistance possible.