Le burn-out, un phénomène encore méconnu en Afrique
Le sujet des maladies mentales reste un tabou en Afrique. Le satiriste kényan Ted Malanda écrivait en 2014 : »« Je comprends qu’un homme se pende parce que sa femme l’a quitté, qu’il est sans emploi, que la voisine l’a ensorcelé ou qu’il a été surpris en train d’embrasser sa belle-mère. Mais se suicider parce qu’on souffre de dépression n’est tout simplement pas africain ». Il ne pouvait pourtant pas plus se tromper. Les maladies mentales sont un fléau grandissant en Afrique, et elles touchent toutes les classes de la population, tant les pauvres que les plus riches. Le burn-out est une des facettes de l’état de maladie mentale. Cette affection peut causer des séquelles définitives, et contrairement à ce qu’on a l’habitude de penser, elle ne se limite pas au seul domaine professionnel. Faisons un ZOOM sur cette maladie qui gagnerait à être mieux considérée en Afrique.
Qu’est ce que le burn-out?
Le syndrome d’épuisement professionnel, ou burnout en anglais, se traduit par un « épuisement physique, émotionnel et mental qui résulte d’un investissement prolongé dans des situations de travail exigeantes sur le plan émotionnel ». Cet état peut affecter n’importe qui, quels que soient son âge, son sexe et son milieu professionnel. Ce type d’épuisement est principalement causé par un stress chronique dû à une pression professionnelle intense, un manque de soutien social et des attentes irréalistes. Ainsi les personnes sujettes au burn-out entrent dans un cercle vicieux où se combinent à la fois la fatigue, la démotivation, le sentiment d’échec et le besoin de travailler encore plus, jusqu’à épuisement, afin de sortir du cercle.
Comment détecter un burn-out?
Il existe plusieurs signes qui pourraient vous aiguiller sur le fait que vous êtes en plein burn-out. C’est le corps qui est atteint en premier. Vous présentez des signes de fatigue, mal de dos, insomnies, migraines, infections. Vous pouvez également présenter des manifestations de faiblesse musculaire comme l’asthénie, des troubles musculo-squelettiques. Enfin, on observe aussi des troubles gastro intestinaux parmi les manifestations physiques du burn-out.
La personne souffrant de burn-out présentera également des troubles émotionnels, comportementaux et liés à l’attitude. Parmi ceux-ci on peut citer :
- anxiété, tensions musculaires diffuses, tristesse de l’humeur ou manque d’entrain, irritabilité, hypersensibilité, absence d’émotion ;
- pertes cognitives : troubles de la mémoire, de l’attention, de la concentration, des fonctions exécutives ;
- repli sur soi, isolement social, comportement agressif, parfois violent, diminution de l’empathie, ressentiment et hostilité à l’égard des collaborateurs ; comportements addictifs ;
- désengagement progressif, baisse de motivation et du moral, effritement des valeurs associées au travail ; doutes sur ses propres compétences (remise en cause professionnelle, dévalorisation) ;
Cette liste est non exhaustive et a pour but de vous aider à appréhender les signes avant coureurs d’un syndrome d’épuisement professionnel.
Quels sont les facteurs de risque?
Les facteurs de risque liés au burn-out sont liés à l’environnement de travail. En effet si au travail les personnes se sentent surchargées de tâches en permanence, privées d’autonomie, et ne sont pas suffisamment reconnues pour leur travail, cela peut induire un épuisement. Egalement si elles ont l’impression que malgré tous leurs efforts, elles ne pourront pas avancer (en terme de promotion par exemple), alors les personnes seront plus enclines à tomber dans le burn-out.
On peut observer que la vie privée a un impact favorisant fort sur l’apparition de cette affection. Ainsi, des responsabilités familiales lourdes ou des conflits personnels vécus consciemment ou pas, la solitude affective, sont des facteurs aggravants s’ils sont vécus en parallèle de ce qui se passe au travail.
Pour s’aider dans le diagnostic du burn-out, le rapport Gollac regroupe six catégories de facteurs de risque psychosociaux. Ces catégories sont :
- intensité et organisation du travail (surcharge de travail, imprécision des missions, objectifs irréalistes, etc.) ;
- exigences émotionnelles importantes avec confrontation à la souffrance, à la mort, dissonance émotionnelle ;
- autonomie et marge de manœuvre ;
- relations dans le travail (conflits interpersonnels, manque de soutien du collectif de travail, management délétère, etc.) ;
- conflits de valeurs ;
- insécurité de l’emploi.
On note aussi que le risque de développer un syndrome d’épuisement professionnel peut être associé à des antécédents dépressifs, ou à des capacités d’adaptation limitées.
Quels sont les différents types de burn-out
Bien que la définition de ce terme met l’accent sur l’origine professionnelle de la maladie; on peut rencontrer différents types de burnout.
Le burn-out professionnel
C’est le plus communément connu. Il est lié principalement au travail, et déséquilibre la vie professionnelle.
Le burn-out familial
Il se manifeste quand le stress est au coeur des rapports familiaux, et touche tant les enfants que les parents. Le burn-out familial finit par aboutir à un déséquilibre de la famille.
Le burn-out maternel
Il touche les mamans qui sont épuisées physiquement et psychologiquement. Voulant toujours trop bien faire, elles finissent par ne plus pouvoir gérer correctement leur vie personnelle et familiale.
Le burn-out parental
Il touche essentiellement les parents, qui doivent gérer leur vie personnelle et professionnelle, et n’arrivent plus à jongler entre les deux.
Le bore out
Contrairement au burn-out professionnel, ici l’épuisement est du à l’ennui. La personne concernée n’a quasiment pas de tâches à faire au travail, et se retrouve malheureuse à son poste. Il s’ensuit un déséquilibre émotionnel et psychologique.
Le burn-out en Afrique
En Afrique cette maladie est très mal connue.
Cette méconnaissance vient en grande partie du manque de sensibilisation et d’information sur les signes et les symptômes du burn-out, ainsi que du manque de ressources pour traiter cette condition.
La culture du travail dans de nombreux pays africains s’axe sur la surcharge de travail, avec l’idée que le travail acharné est le seul chemin vers la réussite. Cette culture peut rendre les travailleurs plus vulnérables au burn-out, en raison de la pression accrue et du manque de temps pour se reposer et récupérer.
Quels effets sur la santé ?
Le burn-out peut avoir des effets très graves sur la santé mentale et physique d’une personne. Les personnes souffrant de burn-out peuvent éprouver des symptômes tels que la fatigue, l’irritabilité, la dépression, l’anxiété, des troubles du sommeil, des douleurs physiques, etc. Ces symptômes peuvent affecter leur vie professionnelle et personnelle, ainsi que leur relation avec les autres.
Des séquelles définitives peuvent apparaître si vous n’êtes pas pris en charge et arrêté suffisamment tôt. Vous pouvez être sujet à un état de fatigabilité, des troubles cognitifs majeurs (atteintes définitives de la mémoire, de la logique, de la concentration). En fait vous avez abîmé votre appareil intellectuel de façon définitive.
Il peut aussi y avoir des séquelles cardiovasculaires, musculo-squelettiques, des douleurs, des myalgies… Et ce sont des états d’atteinte à la santé qui sont malheureusement définitifs et chroniques.
Dans certains cas extrêmes, le burn-out peut conduire au suicide de la personne concernée.
Quelle prise en charge?
La prise en charge consiste à traiter le trouble diagnostiqué tout en prenant des mesures concernant le contexte socioprofessionnel qui en est à l’origine. La prescription d’un arrêt de travail Il est souvent nécessaire de prescrire un arrêt de travail dont la durée sera déterminée en fonction de l’évolution du trouble et du contexte socioprofessionnel.
Il est aussi important de garder à l’esprit que le retour au travail doit être préparé. Dans ce cadre il faut prendre rendez-vous avec le médecin du travail. Cela peut être fait à la demande du patient, mais aussi du médecin du travail ou du médecin conseil.
Prévention
La prévention est axée sur l’amélioration des conditions de travail, et sur les habitudes de vie. Ainsi vous pouvez adopter les différentes règles suivantes :
- Apprendre à prioriser : en cas de surcharge, priorisez votre travail, organisez le et déléguez si besoin.
- Adopter la philosophie SMART pour se fixer des objectifs. Selon ce concept, un objectif doit être Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, et échelonné dans le Temps. Cette organisation permet d’éviter la frustration et le sentiment d’échec.
- Savoir identifier les éléments déclencheurs de votre stress; afin de pouvoir les gérer au mieux.
- Savoir dire non quand cela est nécessaire. Personne n’est irremplaçable, et si vous n’êtes pas disponible pour faire quelque chose, quelqu’un d’autre le sera.
- En cas de stress au travail, en parler à vos proches ou à des personnes qui connaissent le même type de problème. L’isolement contribue à l’épuisement émotionnel.
- Ecouter son corps. Une activité physique régulière permet d’évacuer le stress. En cas de fatigue, mieux vaut éviter les excitants tels que le café, le thé, le chocolat, les colas ou le guarana, l’alcool et si possible le tabac. Vous pouvez également vous aider de certains compléments alimentaires pour libérer le stress comme le magnésium ou le décapeptide de caséine alpha 1.
- Ralentissez votre rythme de travail, apprenez à faire des pauses et… à ne rien faire ! Essayez de garder votre calme face aux événements professionnels et relativisez leur importance.
- Séparer autant que possible vie professionnelle et vie personnelle. Evitez de consulter vos messages électroniques professionnels à votre domicile.
En conclusion, il est important que nous commencions à traiter le burn-out comme ce qu’il est, c’est-à-dire la deuxième cause d’affection d’origine professionnelle. La sensibilisation et l’écoute sont clés pour permettre à tout le monde d’identifier les signes avant coureurs et de prendre le problème en charge au plus tôt afin d’éviter des séquelles définitives.
En travaillant ensemble pour créer des environnements de travail plus sains et plus durables, nous pouvons aider à prévenir le burn-out et à soutenir la santé et le bien-être de tous les travailleurs.
Dans cette optique, les employeurs doivent également s’engager à créer des environnements de travail sains qui favorisent l’équilibre entre travail et vie privée, et encouragent la collaboration et le soutien entre les collègues.
En tant que plateforme qui met en relation les particuliers et les professionnels de santé, SennaCare se tient à disposition des personnes souffrant de burn-out pour leur fournir des informations sur les traitements disponibles et les aider à trouver des professionnels de santé qualifiés dans leur région.